Par quoi commencer cette section "Bienveillance" ?
C’est la question que je me suis posée pendant plusieurs jours. Ce n’était pas exactement le syndrome de la page blanche puisque mon petit carnet d’idées liste quelques sujets que je voudrais partager avec vous sur cette page. Mon problème était plutôt qu’aucun sujet ne faisait vraiment office de « premier sujet ». Et puis le hasard du calendrier m’a rappelé qu’aujourd’hui était une date assez particulière pour moi puisque c’est l’anniversaire du 1er jour du reste de ma vie. Il y a tout juste un an, je quittais mon travail, mon ancienne vie et je démarrais le cheminement qui m’a amenée jusqu’à vous, sur ce blog. J’ai toutefois hésité à vous écrire ce ressenti, cet exercice du rétroviseur tellement important pour mesurer le chemin parcouru. J’ai réalisé qu’accepter sa vie avec bienveillance pouvait être un bon sujet. Et puis je me suis rappelée la promesse que je vous ai faite en démarrant ce blog. Je vous ai promis de « partager avec vous mes étapes et mes découvertes, tout en ne masquant rien de mes imperfections ou de mes vulnérabilités. » Alors quoi de plus honnête que de dresser avec vous ce premier bilan ?
On dit que partir c’est mourir un peu
Il y a un an, jour pour jour, je quittais mon emploi. Un emploi confortable, bien payé, pour lequel j’avais étudié de nombreuses années et où j’avais coché toutes les cases que je m’étais fixées en terme d’évolutions de carrières.
Pendant plus d’une décennie, j’ai travaillé pour la même grosse multinationale. J’ai occupé de nombreux postes et fonctions, vécu des choses formidables et d’autres assez terribles. C’est là où j’ai démarré, où j’ai appris, évolué, progressé. C’est en travaillant là-bas que je me suis mariée et que j’ai eu mes enfants. Finalement, toute une tranche de vie.
Et pourtant, aidée par un PSE, je suis partie. Et même si l’occasion et le timing étaient parfaits, c’était un sacré bond vers l’inconnu pour moi qui suis un animal prudent et attaché à son confort…
Mais il était temps. Je ne me reconnaissais plus ni dans cette vie, ni dans cette entreprise, ni dans ces valeurs qui n’étaient plus les miennes. C’est que l’on change sacrément en 13 ans… Et vivre la semaine en attendant le weekend ou « quand un jour j’aurai le temps » n’était plus possible.
Et de toute façon, je devais trouver une solution pérenne pour pouvoir m’occuper de Little H, même si à l’époque la situation était moins criante. Mon mari me poussait également à tourner la page, à prendre soin de moi, pour enfin être en harmonie avec moi-même et arrêter d’être malheureuse en allant travailler le matin.
Une année de pluie et de soleil
Il y a eu tellement de jours de pluie !
En effet, je ne me suis jamais sentie aussi perdue que durant cette dernière année. J’ai remis en question chaque aspect de ma vie.
D’ailleurs j’ai échoué sur tellement de choses, tout particulièrement ma FIV et mes rêves de 3ème bébé. J’ai également perdu et je me suis éloignée de nombreux amis et membres de ma famille. Que de nombreux rêves j’ai aussi dû abandonner…
Pendant de nombreuses semaines, j’ai pleuré, inconsolable et croulant sous la culpabilité quand j’ai compris que mon petit garçon était handicapé et que notre vie ne serait plus jamais « normale ». Que mon quotidien serait désormais celui des hôpitaux. J’ai tellement pleuré lorsque les docteurs m’ont expliqué que je ne pourrai plus retravailler comme avant. Je me suis sentie inutile, désemparée, ne sachant plus que faire ni comment me projeter dans l’avenir
Mais rebondir pour accepter sa vie avec bienveillance a été merveilleux.
J’ai ainsi changé tellement de choses dans ma vie !
Je me suis remise en question émotionnellement, personnellement, professionnellement. C’était l’occasion pour moi de travailler sur mes talents, identifier mes faiblesses, accepté les regards extérieurs et critiques. Ainsi, je me suis formée, j’ai lu, écouté des podcasts, testé de nouvelles choses. Et avec plus ou moins de succès, j’ai expérimenté..
J’ai alors pu identifier qui étaient mes rocs et sur qui je pouvais compter. Il y a eu des déceptions et des surprises inattendues. Il y a eu aussi des évidences qui méritent d’être soulignées comme le soutien sans faille de mon mari, que ce soit dans mes choix, mes tâtonnements ou dans mes défis. Cette épaule sur qui m’appuyer, sur qui pleurer ou me reposer était le support sans lequel je n’aurais pu avancer. Un vrai travail d’équipe avec le bon partenaire.
Que de nouvelles rencontres, j’ai faites sur ce chemin ! J’ai eu l’occasion d’échanger et de partager avec de nouveaux amis de par le monde. Tous ces échanges, ces rencontres, même fugaces m’ont ouvert les yeux.
Je leur suis tellement reconnaissante pour m’avoir montré qu’un autre monde était possible pour moi !
Distiller de la bienveillance pour ensoleiller ma vie
Petit à petit, j’instille dans ma vie plus de bienveillance, je change mon regard et n’hésite pas à m’interroger sur tout ce que je pensais acquis.
Ce regard neuf et ce questionnement sont nécessaires pour vivre dans l’instant présent et l’apprécier en pleine conscience. J’apprends progressivement à accepter ma vie avec bienveillance.
Et maintenant ?
Je dois apprendre à être plus bienveillante envers moi-même
Je ne dors pas assez puisque je suis mes cours principalement le soir et que j’écris la nuit.
Malgré tous mes beaux principes de vie saine, je ne fais pas autant d’exercices que je le devrais. Je n’ai toujours pas perdu le poids que j’ai pris suite à mes grossesses et à mes nombreux traitements hormonaux. Ouvrir mon armoire est un calvaire et je n’arrive toujours pas à me regarder dans un miroir.
Même si j’insiste sur le fait que la bienveillance impose des moments pour soi, je n’arrive pas à me prendre du temps pour peindre ou voir des amies.
Je continue à passer 2 à 3 jours par semaine à l’hôpital et à pleurer dès qu’un gros nuage noir arrive.
En un mot, je suis épuisée.
Je suis épuisée mais je suis vivante.
Je suis tellement reconnaissante
J’éprouve à la fois reconnaissance et gratitude pour l’année passée et pour tout ce qui m’attend.
Est-ce que je vie ma vie de rêve ?
Certainement pas. Personne ne peut rêver de vivre une vie où ses enfants ne vont pas bien.
Mais ce que je vis est certainement aussi proche que ce qu’il m’est possible d’atteindre pour l’instant.
Oui, j’ai rencontré beaucoup de jours de pluie et de jours ensoleillés cette année. Et je sais qu’il y en aura encore beaucoup à l’avenir.
Mais devinez quoi ? J’adore les arcs-en-ciel !
Et comme le disent les irlandais avec beaucoup de sagesse « No rain, no rainbow ! » [sans pluie, pas d’arc-en-ciel !]
